dimanche 8 novembre 2009

Vénézuela, un pays exangue


Après quelques semaines au Vénézuela, le constat saute aux yeux: le pays traverse actuellement une période très instable et semble avoir vécu des jours bien meilleurs. Tous les vénézueliens qui se sont risqués à parler avec moi de la situation politico-economique de leur pays concordent la dessus.
L'insécurité est importante presque partout, et invivable dans la capitale. Sur le plan économique, le tableau est triste: le Vénézuela, excepté ses ressources infinies en pétrole et miss univers, produit peu de richesses exportables - café, cacao -. Les tentatives de Chavez de diversifier l'industrie semblent pour l'instant ne porter que peu de fruits et la plupart des produits manufacturés sont importés, notamment depuis les honnis US. L'inflation reste élevée et les mesures monétaires - passage au "Bolivar fuerte", 1000 fois plus fort que le "Bolivar", contrôle officiel de la parité avec le dollar en mars 2005: 1US $ = 2,15 Bs.F - ne semble pas la stopper.
Au niveau politique, le président Chavez, élu en 1998, est obnubilé par la "révolution bolivarienne", idéal communiste d'un autre temps. Il isole son pays: nationalisation d'entreprises étrangères, positions agressives vis-à-vis de ses deux principaux partenaires commerciaux, les Etats-Unis et la Colombie. Au premier est reproché son impérialisme capitaliste, au second sa position de vassal nord américain en général, et en particulier son feu vert à la construction en territoire colombien de 7 bases militaires américaines proches de la frontière avec le Vénézuela. Sa gestion des relations avec les pays "amis" de l'ALBA (Alternative Bolivarienne pour l'Amérique Latine et les Caraïbes) n'emporte pas non plus tous les suffrages parmi les vénézueliens: pourquoi offrir à la Bolivie, à Cuba et au Nicaragua des milliers de barils de brut plutôt que d'investir dans un vrai programme énergétique et d'équipement au niveau national, et ainsi mettre fin aux coupure d'eau et d'électricité quotidiennes dans une bonne partie du pays? Payer à prix d'or des médecins cubains, monnaie d'échange contre le pétrole vénézuelien dans le cadre du programme "Barrio adentro", est aussi mal compris par la population. Les explications que Chavez donne tous les dimanches pendant trois heures sur le petit écran, sur un ton résolument paternel, laissent parfois songeur.
Les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2012. Chavez peut être réélu - il a changé la Constitution pour cela. Mais, comme me l'a dit un professeur d'université caraquense un soir à Mérida: il nous reste trois ans à nous, vénézuéliens, pour nous apercevoir que notre pays touche le fond. Et choisir de rebondir autrement.

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