mercredi 31 mars 2010

Salta la linda

Je ne fais que passer à Salta, en route vers San Pedro de Atacama. On y est déjà venu en famille il y a 3 ans. Juste le temps de regoûter l'ambiance détendue de la ville la plus "coloniale" d'Argentine. Un temps superbe, de jolies places sur lesquelles, sous les palmiers, cohabitent les statues des héros de la libération et les jeunes collégiens qui viennent dragouiller après la classe. Au sud de la ville, les 1080 marches qui montent en haut du cerro offrent des vues imprenables; je les monte au pas de course, histoire de me mettre en jambes pour l'apéro qui suit avec Sean, un pote anglais rencontré à... Mérida, au Vénézuela, et que je retrouve ce soir. Quelques bières plus tard et dans la calle Almirante, on se perd dans la nuit salteña, laissant de côtés les fameuses "peñas" de musique et danse traditionnelles, qui nous paraissent un peu des pièges à gringos... que nous sommes, certes.
A Salta, je redécouvre aussi le goût des Incas pour les sacrifices humains, de préférence perchés en haut des plus hautes montagnes du coin, qu'ils vénèrent comme des dieux. Leurs offrandes, sous forme de sacrifices d'enfants, permettaient d'éviter les secheresses, tremblements de Terre et autres caprices de la Pachamama. Presque en haut du Llullaillaco, à plus de 6000m d'altitude, 3 momies de jeunes enfants - 6, 7 et 15 ans - sont retrouvées en 1999 (http://es.wikipedia.org/wiki/Momias_de_Llullaillaco) dans un état de conservation incroyable - températures très négatives et oxygène plus rare limitant l'oxydation des corps, par ailleurs maintenus à l'abri des rayons du soleil dans leur site funéraire -. Depuis 1950, plus de 20 momies ont été retrouvées sur les sommets des montagnes andines.

lundi 29 mars 2010

Où est Basty?


Alors voilà, j'ai eu quelques remarques, comme quoi on ne comprend pas toujours bien où je suis, mon itinéraire, etc. C'est pourtant simple! Petit rappel...
Après avoir atterri à Caracas et profité du Vénézuela, direction la Colombie - pour un bon moment! - puis l'Equateur, en janvier. Je passe la frontière péruvienne début février, en pleine saison des pluies dans l'Altiplano... pas le meilleur moment! D'autant que CUzco et le Macchu Pichu sont complètement inondés! Arrivé à Lima, je décide donc de filer à Santiago du Chili - pour revenir au Pérou plus tard, pendant la saison sèche. De là je trouve un vol barato pour Curitiba, au sud de Sao Paulo, et je me dis, après tout, pourquoi pas faire un saut au Brésil pour le Carnaval! Donc après "Valpo", direction Sao Paulo, Rio et son carnaval! Presque 15 jours à Rio et autour, puis je retrouve Manu, El Comisario, à Buenos Aires, pour deux semaines en Argentine. Igauzú, Córdoba, Mendoza, Bariloche. Salta. Et San Pedro de Atacama, dans le nord du Chili, où je suis depuis 3 jours.

La suite? En faisant vite: avril en Bolivie, mai au Pérou et juin dans le Nordeste brésilien avec la soeurette!

Retour? début juillet peut-être... Vous serez par là?

jeudi 25 mars 2010

Que c'est bon d'être un Patagon


Bariloche énerve un peu à vouloir se prendre pour un beau village des Alpes suisses: chocolat, horlogerie de luxe et autres clichés, tout y est. Mais elle est pardonnée: autour, la région est un régal de nature - presque - vierge. Se balader autour des lacs grandioses Nahuel Huapi - l'Ile du Tigre", en Mapuche* -, Espejo et surtout Traful, en vélo ou en voiture; tenter l'ascension du Cerro Tronador, impressionnant sous son chapeau de glace et devoir rebrousser chemin alors que la pluie drue pourrait bien remplir les quelques crevasses que nous enjambons et que la visibilité est partie se promener plus au nord dès le petit matin, après une nuit pourtant étoilée; grimper au refuge Frey et admirer le soir les cheminées du Cerro Catedral, léchées par les derniers rayons du soleil, puis continuer la traversée du parc Nahuel Huapi au refuge Jakob. Et siroter quelques bières des brasseries locales pour se remettre d'aplomb après l'effort!

* les croyances et légendes indigènes décrivent la présence d'une créature mystérieuse, un tigre ou jaguar des eaux, dans ce lac... le Loch Ness local!

dimanche 14 mars 2010

Mendoza, vino y montaña


Mendoza, c'est un peu le sud-est. Des bars en terrasse, des vignes jusqu'à plus soif, des oliviers, des lavandins, des allées bordées de platanes. Manque plus qu'un bon jaune pour se croire dans l'arrière pays provençal. Pourtant, ici, c'est le Malbec qui règne; le Syrah, très peu pour les mendocinos. Le Malbec, né à Cahors dans le sud ouest (http://es.wikipedia.org/wiki/Malbec), mais qui ne supporta pas le climat et la mauvaise presse, fait la fierté des argentins. Autour de la ville, des vignobles à perte de vue, jusqu'au pied de la cordillère. A Maipu, on fait la route des vins en vélo et la police escorte les cyclistes éméchés en fin de journée. A Lujan de Cuyo, on change de standing. Chez Catena Zapata, c'est bodega à l'image d'un temple Maya - mégalo dîtes-vous? - et service cintré. Mais le vin est excellent. Dégustation comparative marché argentin et export: sans faire offense au Malbec, on penche pour le Cabernet 2007 à l'export: fin équilibre de fruit et de barrique, puissance et longueur en bouche.
Mendoza, c'est aussi les bars branchés de la calle Aristides qui débordent de jolies mendocinas; le parque San Martín, où fleurissent les thermos de maté le week-end; la fête des vendanges et sa parade qui paraît bien modeste après les délires du carnaval de Rio. Et la cordillère des Andes, à deux pas. Le Tupungato (6650m), domine les vignes; l'Aconcagua, un peu plus loin - le point culminant des Amériques, 6959m; Le Mercedario, 6770m, plus au nord. A mi-chemin s'est glissé le Cordón del Plata, une pré-cordillère magnifique et des sommêts à portée de crampons: les cerros Vallecitos, Rincones y Plata. Même si l'altitude, le climat sec et la "Puna" - poche de basse pression - peuvent jouer de sales tours!

mercredi 3 mars 2010

Córdoba, Ernestito Guevara, Jesuitas y Guerra Sucia


Córdoba, deuxième ville du pays, est un mélange d'ancien et de nouveau, d'industriel, d'étudiant et d'artistique. La région jouit d'un climat ensoleillé et sec, ce qui conduisit la famille Guevara à s'installer à Alta Gracia, un village des environs, lorsqu'en 1932 les médecins diagnostiquèrent un asthme sévère au jeune Ernesto. Fuyant la dictature de Franco, le compositeur Manuel de Falla vécut ici aussi ces dernières années en exil. Et bien avant, dès le 17ème siècle, les jésuites avaient ici - et dans tout le nord est - aidé à la colonisation des communautés indigènes - principalement Güaraní - en construisant 30 missions qui rassemblèrent jusqu'à 100000 indigènes et jouissaient d'une grande autonomie politique et économique. Avant de disparaître en 1767, la couronne espagnole craignant leurs pouvoirs et richesses grandissants.
Il doit donc faire bon vivre ici. En tout cas bien meilleur que 30 ans en arrière lorsqu'en pleine période de terreur, les opposants politiques, artistes ou syndicalistes disparaissaient du jour au lendemain. Depuis 1955 et un coup d'état obligeant Perón à l'exil en Espagne, le pays est dirigé par une junte militaire. Les mouvements d'opposition au régime, plus ou moins violents (el "Ejercito Republicano del Pueblo", par exemple), naissent et s'organisent durant les années 60, poussant Isabel, 3ème femme et veuve de Perón - ce dernier revenu au pouvoir, après 18 ans d'exil, pour quelques mois en 1974, avant de mourir la même année - à créer la Triple A ("Alianza Argentina Anticomunista"), une milice destinée à placer sous l'éteignoir les groupes révolutionnaires. En 1976, le général Videla prend le pouvoir par coup d'état et accentue la traque, se jurant d'écraser les mouvements de guérilla, avec l'appui de la majorité de la population et d'une bonne partie de la presse. C'est le début du Procédé de Réorganisation Nationale (connu comme le "Proceso"), durant lequel les forces de sécurité arrêtent et torturent arbitrairement les supposés opposants au régime. Entre 1976 et 1983, période connue comme la "Guerra Sucia" (la Guerre Sale), 30000 personnes disparaissent. Elle prend fin après le désastre des Malvines et la mise à l'écart du Général nationaliste Galtieri au profit d'Alfonsín, élu président démocratiquement. Alfonsín tentera de poursuivre en justice les officiers de cette période trouble, mais se verra obliger - soulèvements militaires - à signer la "Ley de la Debida Obedencia" - stipulant que les officiers ne faisaient qu'exécuter des ordres, en bonne obéissance - et le "Punto Final" - point final, au-delà duquel aucun procès de criminel ne pouvait avoir lieu. Il faudra attendre 2003 et le mandat de Nestor Kirchner -qui succéda à Meném, notoire décennie politique, et au séisme financier de 2001 - pour voir renversées les lois d'amnisties en vigueur vis-a-vis des responsables militaires de cette période et permettre l'ouverture de quelques procès, en Argentine et en Espagne.

mardi 2 mars 2010

Iguazú, chutes et papillons suicidaires©


Les chutes sont vraiment loin de tout en Argentine. A la frontière avec le Brésil et le Paraguay. Un autre point triple, après le Roraïma vénézuélien. Et toujours le Brésil; pas étonnant vu sa superficie: plus de la moitié de Amérique du sud, 17 fois la France. Le climat tropical rapelle davantage Rio que Buenos Aires: une bonne chaleur humide. Puerto Iguazú, la ville la plus proche côté argentin, vit uniquement du tourisme: hostales, terminal de bus et agences. On comprend pourquoi le lendemain quand on voit la quantité de touristes qu'accueille le parc; c'est Gringolandia ici, un vrai disneyland, mais nature. Et les chutes, majestueuses et colossales, portent bien leur nom. Iguazú vient du Guaraní: í (eau) et kuasu (grand), littéralement « les grandes eaux ». On se régale des différents points de vue, on se fait arroser sur le paseo inferior. Du haut de la garganta del Diablo, le grand vertige! Le vacarme, la hauteur, les volumes d'eau (1700m3 / sec) qui viennent s'écraser 80m plus bas en brumisant allégrement. Et des scènes tragiques: ces colonies de papillons, dont les beaux morphos brésiliens d'un bleu sombre(http://fr.wikipedia.org/wiki/Morpho), trop confiants après leur survol du Rio Iguazú Superior, ou poussés à bout par les hordes interminables de touristes dégainant leur reflex, se laissent happer par le vide des chutes, et malgré un ultime sursaut trop tardif dans le nuage de gouttelettes, qui les aveugle et les assomme, disparaissent brusquement dans le furieux tourbillon des chutes. Nous en restâmes tout émus.

©Manu

lundi 1 mars 2010

¿Che boludo, que onda?


Esa ciudad de Buenos Aires no deja indiferente; amor o odio.
Odio a los porteños, esos parisinos de suramérica. Tan orgullosos de si-mismos y de su ciudad; tan prepotentes cuando hablan muy alto y con ese acento reconocible entre mil; tan subjetivos cuando nos venden Buenos Aires como el centro del mundo. Odio a esa megalópolis, cuyas desigualdades entre centro y suburbios son abisales, y que ya no tiene - o muy poco - nada suramericano.
Pero también amor, y tanto cariño. A esos mismos porteños, tan cálidos, exagerados y acogedores. A su pasión descabellada por el fútbol y el tango, sus dos orgullos. El fútbol, apasionante en su cuna de la Bombonera - el estadio amarillo y azul de Boca - listo para estallar a cualquier gol de Palermo. El tango, enloquecedor por su bella y lenta sensualidad, movimiento unido de dos cuerpos distintos. La Viruta, La Confitería Ideal, La Catedral... Che, que buenas milongas, hasta pude entrar con chanclas. Y amor a su centro, cuyos edificios antiguos, sus perspectivas largas y trabajadas recuerdan a veces París o Madrid; a su Casa Rosada y a sus Madres de la Plaza de Mayo, que desfilan cada jueves en la plaza en honor a sus hijos desaparecidos durante la Guerra Sucia - 1976-1983; a San Telmo y Palermo por su buena onda y parranda tardía.
En fin, a mi tampoco me dejo indiferente. ¿Si me gustó? ¡Che, me re-copó!